V

Ti assiste à un repas peu diplomatique ; il étudie la triste fin d’un joli cœur.

 

 

De retour à la maison des barbares, l’ambassadeur Calebasse vit avec satisfaction que tous ses subordonnés étaient assidus à leurs leçons. Au bas des marches, assis en tailleur sur une natte, M. Grain-de-riz se faisait tondre la tête tout en récitant des soutras. Sur la terrasse, Petite-herbe-sans-nom prenait un cours de pipa[5] avec un musicien courageux. M. Radis apprenait à poser des aiguilles d’acupuncture ; les cris poussés par M. Courge, qui lui servait de mannequin, suggéraient que sa méthode était perfectible. En plein exercice d’arrangements floraux, M. Chou multipliait les bouquets de toutes tailles et de toutes formes. Le plus impressionnant était M. Champignon-noir. Torse nu, il rouait de coups un sac de foin à l’aide de ses seuls poings, les armes étant proscrites à l’intérieur de la Cité interdite. Le bellâtre était assis à l’écart, désœuvré.

— Et M. « Équilibre du tao », il n’apprend rien ? s’étonna Ti.

— Oh, lui pas encore trouver bon maître, répondit l’ambassadeur.

Ces démonstrations culturelles avaient attiré un grand nombre de pensionnaires de l’enclos, au premier rang desquels les Coréens, qui ricanaient et échangeaient des commentaires dans leur langue impénétrable. Le traducteur résuma leur opinion :

— Ils disent : « Autant jouer du luth pour des bœufs. » C’était bien ce que Ti avait cru comprendre à leurs mines sarcastiques. Au reste, ce mépris à l’égard des Wo était l’unique point d’accord de Leurs Excellences. Chacun des trois royaumes qui se partageaient la péninsule avait adressé une délégation au Fils du Ciel. Le représentant de Paekche était en long manteau gris, celui de Koguryo, en veste rouge à pois fermée par une large ceinture blanche, celui de Silla, tout en étoffe blanche bordée de rouge. Ils ne semblaient pas éprouver la moindre sympathie pour ces gens de l’Est, dont les territoires étaient situés encore plus loin du soleil chinois que les leurs. « Mieux vaut choisir ses voisins que choisir sa maison », songea le mandarin.

Un gong retentit. Tous les spectateurs s’immobilisèrent. On aurait dit des âmes errantes entendant l’appel vers le séjour des bienheureux. Avec de vains efforts pour conserver leur dignité, les diplomates se ruèrent vers l’entrée comme si leur survie en dépendait. C’était bien le cas.

Un train de charrettes à bras franchit la porte au rythme lent des esclaves en robes grises qui les tiraient. Sur chacune d’elles était plantée une bannière qui indiquait son origine. Les trois premières appartenaient à la cour des Divertissements impériaux. Son bureau des Vins fins leur envoyait la boisson, son bureau des Mets raffinés, le poisson et la pâte de soja, et son bureau de la Cave, les vinaigres et les huiles. Le directoire régional du Shayuan et le bureau des Produits des domaines impériaux, tous deux sous l’égide de la cour des Greniers, leur envoyaient respectivement les viandes de mouton et de porc et le charbon. Le dernier chariot avait été affrété par le gouvernement, lequel pourvoyait à leurs besoins en grain.

Les délégués abandonnèrent tout reste de bienséance pour se jeter sur les vivres comme des corbeaux sur un âne mort. Ti admira avec quelle finesse l’empire du Milieu leur inculquait l’ordre du Ciel. Quand ils se retirèrent, après force cris, injures et bousculades, il ne restait plus grand-chose des subsistances ni de leur amour-propre. Pas encore au fait de ces mœurs, les Wo se contentèrent de la portion congrue : des rogatons, du lait tourné et d’autres denrées plus ou moins piétinées.

— Demain, nous prendre leçons kung-fu, décréta M. Calebasse.

Ti remarqua quatre vieux bonshommes qui faisaient encore plus grise mine que les autres. Il ne les avait pas entendus prononcer un mot et, à présent, il les voyait mâchonner leurs galettes de blé, accroupis sur la terrasse de leur pavillon.

— Ils viennent du royaume unifié de Tubo[6], expliqua l’interprète. Je crois qu’ils trouvent leur séjour un peu long.

— Depuis combien de temps sont-ils ici ?

— Cela fera dix ans à la fête du double huit.

Ils étaient venus à Chang-an pour des pourparlers de paix. Comme le harcèlement perpétré par les Tubo le long de la route de la soie avait repris, la Chancellerie avait mis en doute leur sincérité. Elle avait décrété que la délégation « jouirait de la généreuse hospitalité des Tang » jusqu’à la résolution de ce problème, et une décennie s’était écoulée depuis lors.

La généreuse hospitalité des Tang ne semblait pas les rendre très heureux. Leur mutisme ne disait rien de bon au magistrat, qui avait une longue expérience des détenus.

— La Cour espère un dénouement favorable pour bientôt, assura le zhangke. Elle a donné une princesse[7] en mariage à leur souverain, afin qu’elle les convertisse au bouddhisme. Dans son infinie clairvoyance, notre empereur pense que cette religion les attachera à jamais à notre glorieuse nation.

Ti convint de ce que Sa Majesté était d’une habileté et d’une lucidité hors du commun. Il aperçut à l’intérieur du pavillon des liasses de parchemins en feuilles volantes, un empilement d’ustensiles de brasserie, des cocons tout secs et un moulin à grain vide. Il devina que les quatre délégués de Tubo avaient étudié respectivement la fabrication de la bière, de la soie, du papier et de la farine. Depuis le temps qu’ils étaient là, ils avaient dû se dégoûter de ces questions au point de ne plus toucher à leurs instruments.

Il conçut de l’inquiétude pour ses Wo. Eux aussi pourraient connaître ce triste sort si l’empereur se fâchait. Dix années à étudier l’art floral et les bonnes manières ! Il y avait de quoi changer un chat en tigre.

Ti sortait de l’enclos des barbares, escorté par Tsiao Tai, lorsqu’il fut abordé par un gamin qui lui demanda s’il était bien l’illustre juge Ti Jen-tsie. Le mandarin répondit que la modestie et la conscience de sa médiocrité lui interdisaient d’acquiescer, car, ainsi que l’avait dit Maître Kong au sujet de son disciple Zilu, « il avait atteint le perron d’entrée, mais n’avait pas encore pénétré dans la demeure du sage ». L’enfant se tourna vers une dame en blanc qui attendait, à trois pas d’eux, et dit :

— Ce n’est pas lui, maman, c’est encore un de ces étrangers qui baragouinent des mots sans queue ni tête.

Une fois le malentendu dissipé, la femme en deuil jeta une natte sur le sol et se prosterna. Elle tenait entre ses mains une plaquette telle qu’en rédigeaient les écrivains publics. Ti fit signe à son lieutenant de la lui apporter.

Les caractères tracés par le calligraphe contenaient une supplique au nom de la veuve du comptable Du. Ti supposa qu’elle réclamait la punition de l’assassin. Il la pria de se relever ; une femme qui n’hésitait pas à s’allonger sur un sol glacé pour défendre la mémoire de son époux méritait d’être entendue.

— Seigneur grand magistrat, je conjure Votre Excellence de forcer Hong Yun-Qi à me donner plus d’argent !

Elle estimait avoir droit à une gratification supplémentaire pour services rendus. Après tout, le regretté Du Man-Hua avait sauvé la vie de son patron, car il était évident que c’était ce dernier que le tueur avait voulu tuer, et non son modeste employé. Ti lui demanda comment elle pouvait en être si sûre.

— M. Hong ne m’aurait pas lâché un sou s’il n’avait été responsable de ce qui est arrivé !

C’était là un raisonnement d’une logique propre à séduire un émule de Confucius. Puisque cette femme faisait preuve d’une certaine acuité dans l’analyse, il la pria de dresser le portrait moral du cher disparu. À sa grande surprise, elle se lança dans un éloge de qualités physiques qui formaient apparemment le trait dominant du feu comptable :

— Jamais je ne retrouverai un mari aussi sain. Les dieux m’avaient comblée de leurs bienfaits en m’accordant un homme doté de toutes les grâces. Chacun de ses gestes était élégant, et il était harmonieux dans toutes les parties de son corps.

Elle insista beaucoup sur ce point qui, de toute évidence, devait être pris en compte dans le calcul du dédommagement.

— C’était, je pense, la source d’une grande félicité dans votre union, hasarda Ti.

La veuve Du fit la grimace.

— Je dois à la vérité de dire que c’était surtout une calamité, noble juge.

Comme cela arrive souvent, il s’avéra que Du Man-Hua était aussi volage qu’il était bel homme.

— Il vivait comme le pollen que le vent emporte à son gré ici et là.

Ti devina qu’elle avait en tête d’autres comparaisons, moins flatteuses, comme par exemple cette expression populaire qui traitait les maris infidèles de « blaireaux coureurs ».

Elle s’estimait heureuse qu’il n’ait pas eu d’autre grand défaut, car il n’était ni buveur, ni joueur, ni violent, contrairement à d’autres maris moins beaux dont étaient accablées certaines infortunées. Quand il était à la maison, l’époux convoité se comportait avec sa grâce ordinaire, il lui racontait même ses affaires, c’est-à-dire la comptabilité de M. Hong. Ti creusa ce point, qui l’intéressait davantage que des charmes dont le malheureux ne ferait plus profiter que les démones d’outre-tombe.

— Votre mari n’a-t-il pas songé à changer d’employeur quand son patron s’est trouvé ruiné ?

La veuve ouvrit des yeux ronds. Elle n’avait pas connaissance que Hong Yun-Qi ait jamais été menacé d’un tel malheur. Si les marchands de tissus avaient dû mettre la clé sous la porte à chaque maladie du ver à soie, les gens ne se seraient plus vêtus que de vilain chanvre. Les pourvoyeurs finissaient toujours par s’approvisionner quelque part. Or maître Hong était le plus fin renard de la profession. Pour être ruiné, il aurait fallu que tous ses concurrents le soient avant lui.

Ti admit qu’il n’avait pas entendu parler d’une vague de suicides chez les boutiquiers. Cette conversation l’avait troublé. Il envoya Tsiao Tai chercher le contrôleur des décès et raccompagna la veuve chez elle.

Les Du occupaient une maison modeste, près du rempart, dans un quartier pas trop éloigné de l’entrepôt où travaillait le comptable. Dès que Ti eut enjambé le seuil surélevé, il fut accueilli par le défunt, installé au milieu du salon, les mains paisiblement croisées sur le ventre. Son beau cercueil laqué occupait la place d’honneur dans la pièce principale, où le corps était exposé pour les visites et les rites préalables à l’inhumation. En l’absence de la mère, une petite fille s’était postée sur le perron pour s’incliner devant les voisins, collègues et parents qui se présentaient.

De la nourriture avait été placée près du mort, enveloppée dans des sachets de papier huilé, ainsi qu’un morceau de jade, pierre souveraine contre les attaques démoniaques. On en était au deuxième des trois jours consacrés au défilé des amis venus prendre congé de celui qui était dorénavant « l’invité du Ciel ». Affichée à sa tête, une sentence signalait qu’il avait été présenté au dieu du Sol par les prêtres du temple de la Cité. Ti salua deux bonzes qui s’en allaient après avoir récité leurs soutras et empli l’atmosphère de fumées d’encens. Les prêtres taoïstes leur succéderaient le lendemain, pour danser et chanter de gais refrains au son de leurs tambourins.

La tablette funéraire destinée à être déposée sur l’autel familial, quarante-neuf jours après le décès, avait déjà été gravée. D’évidence, l’argent coulait à flots sur les funérailles. Ti comprit le mécontentement de la veuve. Soucieux de ne pas s’attirer la colère d’une âme errante, Hong Yun-Qi avait dédié ses largesses aux dépenses mortuaires, sans se préoccuper de la survie de la petite famille. Son sentiment de culpabilité se limitait au seul disparu.

Quand huit jours se seraient écoulés, on transporterait Du Man-Hua au cimetière, où le cercueil serait entreposé à l’abri des intempéries, dans l’attente d’un jour faste propice à l’inhumation, selon les dates minutieusement consignées dans le calendrier Hoang-li.

Tsiao Tai, de retour, s’effaça pour laisser entrer un homme habillé avec élégance, quoique sans ostentation, d’un long manteau beige à large ourlet marron et bonnet assorti. Ti reconnut la fine moustache et le bouc parfaitement soignés de Shao Keung, un vérificateur des décès appointé par l’État et membre éminent du Grand Service médical.

— De quoi cet homme est-il mort ? demanda le physiologiste après l’échange des salutations.

Le mandarin fit « non » de la tête et rétorqua :

— C’est précisément de votre science que j’attends cette révélation.

Shao Keung eut l’expression contrariée d’un homme qui n’a pas l’habitude qu’on le dérange pour jouer aux devinettes. Ti fit sortir tout le monde, hormis son propre adjoint, qu’il chargea d’assister l’expert.

Au premier coup d’œil, maître Shao regretta qu’on eût déjà procédé au rappel de l’âme, au bain et à l’habillement du cadavre. Il le fit dévêtir. Conformément à l’usage, on avait paré le mort de tissus écrus, sans colorants, ornements ni coutures.

Il était difficile d’apprécier la beauté physique évoquée par la veuve. Le visage était complètement écrasé, du front au menton. En fait, le traumatisme s’étendait à tout le devant du corps. En revanche, en dépit d’une palpation méthodique, M. Shao ne découvrit rien de particulier sur le crâne ni dans le dos. Après avoir déclaré que son client avait toutes les côtes brisées, il prouva ses dires en enfonçant son index dans la poitrine, qui émit un craquement sinistre. Ti se serait contenté d’une démonstration moins nette et moins sonore. Le plus étonnant, c’était que les os des deux jambes étaient rompus, eux aussi. Soit le malheureux avait été proprement roué, soit il avait été percuté par un objet aussi grand que lui.

Tout en poursuivant ses observations, Shao Keung récita à haute voix le chapitre du manuel de médecine légale consacré aux écrasements :

 

— Les yeux et la langue ressortent, les poings sont plutôt serrés, du sang noir ou violacé suinte de tout le corps. Un fluide liquide plus ou moins rouge peut aussi couler du nez. Les parties blessées seront pourpres et enflées à cause de l’hémorragie sous-cutanée.

 

Ce qu’ils voyaient ne correspondait à rien de tout cela. Pas de sang, guère de plaies ou d’hématomes. On aurait pu croire que le comptable avait été écrasé après sa mort. Par ailleurs, aucune trace ne permettait d’établir ce qui l’avait heurté, comme si l’objet n’avait eu aucune partie saillante. M. Shao évalua, étant donné la résistance naturelle des os humains, qu’il avait été assailli par un poids équivalent à celui d’un bœuf adulte. Perplexe à l’idée qu’il pleuvait des bœufs dans les entrepôts de M. Hong, Ti voulut savoir si l’état du cadavre était compatible avec la chute d’une masse pesante.

— Oui, seigneur, à condition que la victime se soit trouvée allongée sur le dos lors du choc.

Une telle position était très surprenante, vu l’endroit où s’était produit le drame. Bien sûr, on aurait pu assommer le comptable avant de jeter quelque chose sur lui, mais, dans ce cas, il aurait eu une blessure à l’arrière de la tête, où pas un cheveu ne manquait. Les conclusions du vérificateur ajoutaient du mystère au mystère.

« Veut-on savoir ce qui se passe dans les montagnes, il faut interroger ceux qui en descendent. » Il importait d’aller voir l’étable des bœufs volants. Ti se promit que la visite aurait lieu dès le lendemain.

Quand il prit congé, la veuve se précipita pour accomplir le « da puo xiao », « la grande dépense de l’enterrement ». Afin de montrer la générosité du disparu, elle offrit à deux mains au magistrat, à son lieutenant et au médecin un bonnet, une ceinture, un drap qui leur descendait jusqu’aux genoux, trois pains cuits à la vapeur et un pot de viande hachée. Ti s’en trouva fort embarrassé, contrairement à M. Shao qui avait craint de s’être déplacé sans dédommagement.

Lorsqu’il enjamba le seuil surélevé de sa propre demeure, Ti fut satisfait d’aborder un univers sans cadavre ni complot obscur. Hélas, le foyer familial recelait, lui aussi, ses tracas et ses motifs d’insatisfaction. Le mandarin était le seul à ne pas se soucier des fiançailles de son fils, que ses épouses tentaient désespérément d’organiser depuis leur retour dans la capitale. Elles avaient cru, d’abord, que la haute position de leur mari permettrait de conclure une brillante alliance chez quelque puissant fonctionnaire métropolitain. Leurs efforts n’avaient été qu’une longue suite de déceptions.

Dans ses appartements privés, Ti trouva sa Première assise sur son lit-cage. Il se remémora la date. Ce n’était pas le jour du mois lunaire dévolu à dame Lin. Il devina qu’elle avait été envoyée en avant-garde pour tirer les premières flèches, aussi tenta-t-il de l’amadouer avec quelques compliments sur sa tenue.

Lin Erma portait une robe bleue toute neuve, dont les longues manches rouges lui recouvraient entièrement les mains. Mme Hong leur avait envoyé trois magnifiques rouleaux de soie pour les remercier d’avoir appuyé la requête de son époux. « Voilà une femme qui risque de regretter sa générosité », songea le magistrat.

Le sujet de friction ne put être évité longtemps. Lin Erma lui rappela qu’il devrait bientôt rencontrer les futurs beaux-parents de son fils, afin de sceller leur engagement mutuel. Il répondit que cela tombait mal, avec ses Wo et le crime à élucider. Comme elle le regardait sans mot dire, il ajouta qu’il n’était de toute façon pas très chaud pour ce mariage : la famille choisie par ses femmes lui paraissait prétentieuse.

Madame Première sentit ses oreilles s’échauffer dans l’intervalle de trois battements de cils. Elle puisa dans ses ultimes réserves de patience afin de conserver son calme.

— Écoutez, ce sont les seuls qui n’aient pas été rebutés par notre… particularité.

— Quelle particularité ? s’étonna son époux.

— Votre particularité ! lança-t-elle tandis que de ses yeux jaillissaient des éclairs.

Elle dut lui rappeler une fois de plus que sa réputation, peu conforme à la bienséance mandarinale, n’aidait pas à marier leurs enfants dans des familles convenables.

Ti en fut sincèrement surpris : son installation à Chang-an avait pourtant beaucoup accru sa renommée. Sa Première était au moins d’accord avec lui sur ce point. Hélas, plus cette renommée grandissait, moins il se trouvait de clans disposés à conclure une alliance avec la lignée du risque-tout incontrôlable.

— Le cochon craint d’être gras, l’homme craint d’être célèbre, résuma-t-elle.

Ti avait néanmoins souvenir de quelques beaux partis. Où étaient passés ces Li, parents d’un ancien ministre de la Justice, qu’on avait pressentis ?

— Ils ont donné leur fille au rejeton caché de l’abbé du monastère du Cheval blanc, répondit sa Première d’une voix sépulcrale.

Ti admit que sa cote n’était pas à son zénith si on leur préférait le bâtard d’un bonze en sandales de corde.

Il était temps de s’entendre une fois pour toutes. Madame Première s’agenouilla dans une posture d’apparente humilité afin d’exprimer ce qu’elle avait sur le cœur :

— Notre seigneur fait énormément pour notre famille et nous lui en sommes tous reconnaissants. Mais quand les gens haut placés de cette ville refusent de nous donner l’une de leurs filles, c’est moi qui dois me mettre en quête d’une compagne pour votre héritier, afin que le culte de vos ancêtres soit perpétué dans les siècles à venir. Avec tout le respect que je dois à mon cher mari, il me faut l’informer que, si cela continue, nos enfants ne pourront bientôt plus épouser que des esclaves ou des Ouïgours.

— Je trouve vos propos bien impertinents, dit Ti.

— Voyons comment ils sonneront en ouïgour.

 

Diplomatie en Kimono
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